Les parents ont souvent une certaine appréhension lorsqu’il s’agit d’aller consulter un PSY pour leur enfant à la suite de difficultés passagères ou de troubles psychologiques invalidants.
De ce fait , ils se posent légitimement certaines questions :
- Notre enfant ne va-t-il pas se considérer ou être considérer comme différent des autres enfants?
- Quelle sera la réaction de l’entourage familial, amical et scolaire ?
- Quelles seraient les conséquences pour l’enfant dans le cas d’une prescription médicamenteuse.
- Le monde des consultations chez les Psy peut entrainer une suite d’événements incontrôlables, on sait quand on rentre, mais jamais comment et quand s’en sortir. Il est préférable de ne pas commencer et s’engager dans un engrenage très complexe.
- C’est une expérience qui exige une organisation très contraignante et des sacrifices (combien ça va coûter en termes d’argent, de temps, d’implication personnelle ou familiale ?).
- Même si les faits et les comportements montrent clairement que quelque chose ne tourne pas rond, c’est probablement passager, tout cela finira par rentrer dans l’ordre un jour ou l’autre, ça ira mieux lorsqu’il sera plus grand.
- Avec les Psy on ne sait jamais, ils posent souvent des questions indiscrètes et parfois intrusives aux parents, nous n’avons pas envie de raconter notre vie.
- Notre enfant est bien éduqué, je ne vois pas pourquoi ni comment un PSY peut donner des conseils et des recettes de bonnes conduites.
Devant ces questionnements et bien d’autres, les parents doivent trouver des réponses ou du moins des éléments de réponse qui leur permettent d’avancer. Il est essentiel de ne pas rester dans une position figée et stérile pour prendre des décisions éclairées et pertinentes, pour le bien de leur enfant.
Prenons le cas où vous avez décidé en tant que parents, après une grande hésitation et des discussions passionnées, qui peuvent parfois tourner à une tension désagréable et même au conflit conjugal ouvert, d’aller consulter un PSY. Vous avez au fait constaté un comportement inhabituel ou un trouble clairement identifié chez votre enfant.
Parfois le trouble en question peut passer inaperçu, ou à minima dans la sphère familiale. Les parents n’ayant pas forcement assez de distance dans la relation avec leurs enfants pour se rendre compte que quelque chose ne va pas très bien.
En revanche, le problème retenti dans toute sa dimension pathologique à l’extérieur ou dans des circonstances bien précises (comportement très agressif à extérieur, conduite dangereuse, passage à l’acte violent, maltraitance des autres enfants, phobies scolaires ou autre…)
C’est alors une personne qui connaît votre enfant qui vous a donné ce conseil, un enseignant, un psychologue scolaire, une assistante sociale ou une personne de votre entourage familial.
C’est là le début d’une expérience angoissante, qui peut être synonyme d’un véritable parcours du combattant. Il faut dire qu’à ce moment précis et de façon privilégiée, le médecin pédiatre ou même le médecin de famille sont des interlocuteurs privilégiés et éclairés, pour évaluer la nature du trouble et sont tout à fait en mesure de vous orienter.
C’est aussi l’occasion de ces professionnels de la santé de vous éclairer sur le thérapeute le plus indiqué à répondre à votre attente, et surtout capable de proposer un traitement adéquat au trouble que votre enfant présente. Parlons justement des différents intervenants pouvant être sollicités.
Il n’est pas très indiqué à cette étape de faire part de cette démarche à vos proches, surtout si vous n’êtes pas sûr de leur compréhension. Consulter un psychologue est une démarche personnelle. Même au cas où vous pensez que votre entourage vous comprendra, parlez d’abord et réfléchissez avec votre enfant, si bien sûr il est en mesure de le faire pour savoir à qui il souhaite en parler. Il a tout à fait le droit au respect de sa personne et son avis est très important.
Il faut aussi lutter contre les fausses croyances où les vérités injustement établies. elles consistent à considérer que consulter un Psy est très stigmatisant, voire déstabilisant, et qui forcément aboutit à un étiquetage péjoratif, parfois dangereux pour la personne qui consulte.
Actuellement plus aucune personne censée ne doute du pouvoir thérapeutique des mots pour changer les pensées et les comportements. Plusieurs études neuroscientifiques montre que certaines psychothérapies ont des incidences directes sur le fonctionnement de certaines zones cérébrales.
Quant aux médicaments, est vrai qu’ils sont très utiles et parfois indispensables dans certains cas pour l’adulte. Ils sont néanmoins employés avec beaucoup de précautions dans le traitement des troubles psychiques chez l’enfant.
Le psychologue ne prescrit pas de médicaments, de même qu’il ne passe pas systématiquement des tests psychométriques (pour l’évaluation du quotient intellectuel par exemple), ou psychopathologiques (pour évaluer l’importance d’un trouble et son incidence sur le fonctionnement global de l’enfant).
Dans la mesure où prévenir est mieux que guérir, il n’est pas souhaitable d’attendre que le problème perdure pour devenir plus grave et donc plus difficile à soigner. Bien souvent les choses ne s’arrangent pas de façon spontanée, bien au contraire souvent la symptomatologie devient de plus en plus complexe.
De plus, il est souvent plus facile d’obtenir des résultats avec les jeunes enfants lorsque les troubles ne sont pas encore profondément fixés. En revanche il n’est jamais trop tard pour agir, et il faut consulter même lorsque la situation paraît compliquée et le trouble ancien.
La plasticité du cerveau (que les neurosciences ont étudié ces dernières années en décrivant les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier par l’expérience), permet souvent de limiter l’incidence sur le plan cognitif, comportemental et social.
Le manque de temps et parfois un planning chargé de l’enfant, peuvent parfois justifier une impossibilité d’aller consulter, ce qui constitue un facteur de maintien du trouble. Toutes les activités extrascolaires ne sont profitables à l’enfant que s’il est suffisamment équilibré psychiquement. Il sera toujours temps de les reprendre lorsque le trouble sera traité.
Parfois une première consultation n’est pas forcément suivie d’une proposition d’un suivi psychothérapique soutenu et contraignant. Quelquefois, le fait d’exposer un problème psychologique à une personne spécialisée permet d’avoir des éclairages et des conseils psycho éducatifs, capables d’améliorer la situation ou même dans certains cas, de faire disparaître le problème.
Combien de fois, parce que l’inquiétude des parents était démesurée (méconnaissance des stades de développement psycho affectif de l’enfant, comportements inadaptés événementiels), ou bien que la personne qui avait conseillé cette démarche n’était pas bien inspirée, les choses ont trainé. Une seule consultation aurait suffit à dissiper les inquiétudes et à initier un fonctionnement psychologique plus adapté.
Mais il arrive aussi que cette première consultation mette en lumière des dysfonctionnements significatifs, nécessitants un suivi pour aider votre enfant. La durée du traitement sera en fonction du résultat. Tout en sachant qu’une démarche de ce type s’inscrit toujours dans la régularité, et l’accompagnement d’au moins un des parents aux séances. Ceci aidera l’enfant à s’investir et à comprendre que le travail psychothérapique est une démarche sérieuse.
Quand on va chez un chez un psychologue, ce n’est pas pour subir un interrogatoire policier. Le Psy vous écoutera d’abord et prendra des informations selon sa méthode de travail, car il a besoin de vous connaître. La connaissance de certains aspects de votre fonctionnement est nécessaire pour envisager des hypothèses et orienter la démarche psychothérapeutique. Ainsi, il pourra mieux travailler avec votre enfant. Vous ne lui direz que ce que vous souhaitez lui dire, tout en sachant qu’il est lié par une clause déontologie professionnelle et que vos entretiens sont absolument placés sous le sceau de la confidentialité.
La remarque est valable aussi lorsque le psy travaillera avec votre enfant. Votre enfant s’exprimera d’abord spontanément et en fonction de son âge, de sa personnalité et de son trouble, le Psy l’aidera à conscientiser et à exprimer ce qui est difficile à dire dans le but de développer des stratégies thérapeutiques adaptées pour permettre à votre enfant de vaincre ses difficultés. L’important ce n’est pas tant la vérité des faits qui est évoquée au cours d’une psychothérapie, mais plutôt la façon dont le sujet a vécu et interprété certaines expériences mal vécues.
Consulter un Psy n’est pas une démarche anodine, que ce soit pour un adulte ou un enfant. C’est une rencontre qui s’inscrit dans une relation entre deux subjectivités, celle du consultant et celle du professionnel de la santé mental. De ce fait il est très important que les parents et l’enfant aient une bonne opinion de leur Psy et ce dès la première rencontre.
La confiance doit nécessairement s’établir dès les premières séances : en terme psychologique on appelle cette relation privilégiée et la qualité du lien que le patient ressent envers le thérapeute « le transfert ». Dans le cas où vous ou votre enfant, n’avez pas une bonne opinion du psy que vous avez consulté, ou que sa méthodologie de travail ne vous convient pas, il peut être préférable de s’adresser à quelqu’un d’autre.
D’un autre côté, le Psy n’est ni un directeur de conscience et encore moins un pourvoyeur de conseils ou de model éducatifs. Il respectera votre façon d’éduquer votre enfant, néanmoins il pourra ponctuellement vous aider lorsque vous avez des difficultés ou des doutes à ce sujet. Par sa neutralité et son objectivité documentée, de par sa formation et son expertise, il pourra aussi jouer le rôle du médiateur ou de régulateur.
S’il y a un conflit éducatif entre vous et votre conjoint ou entre vous et les grands-parents, il est là pour déterminer le rôle de chacun. Il pourra aussi vous éclairer pour mieux évoluer dans votre fonction de parentalité, en évitant par exemple aux parents de répéter inconsciemment des scénarios ou des modèles éducatifs dont ils ont souffert lorsqu’ils étaient eux-mêmes enfants alors même qu’ils souhaiteraient faire autrement.
A l’issue de ces différentes étapes et après un temps de réflexions éclairées, il peut s’avérer nécessaire d’aller consulter, reste à présenter à l’enfant la réalité de la situation et d’une démarche qui n’est plus hypothétique mais bien réelle. Autrement dit comment présenter aux enfants la visite chez le Psy ?
Cette étape est fondamentale pour la suite et l’efficacité de l’intervention psychothérapique s’en trouve grandement conditionnée. Dire par exemple, que beaucoup d’enfants et aussi beaucoup d’adultes ont parfois des soucis ou des problèmes à l’école avec leurs copains, au travail avec leurs collègues, à la maison avec les parents ou la fratrie. Si les choses deviennent pénibles, et si on a l’impression d’être dans une impasse et très affecté par une souffrance qui dure alors ces personnes peuvent aller consulter quelqu’un dont ils attendent une aide concrète.
Il ne faut surtout pas précipiter les choses dans la banalité ni dans l’excès. Là aussi l’âge de l’enfant, son degré de maturité et la nature du trouble doivent constituer des repères pour présenter les choses. Il arrive parfois que ce soit l’enfant lui-même surtout lorsqu’il est un peu plus âgé, qui souhaite rencontrer quelqu’un pour parler et évacuer des tensions ou pour mieux gérer des situations de stress et trouver des stratégies d’adaptation plus efficaces.
Afin de mettre l’enfant à l’aise les parents peuvent dire à l’enfant que la personne qu’ils vont voir n’est pas un médecin qui soigne les maladies au sens classique du terme, car souvent pour l’enfant le médecin est investi de façon anxiogène et est synonyme de piqures ou de traitement douloureux. Avec des mots simples les parents peuvent dire à leur enfant qu’ils souhaitent l’emmener voir quelqu’un qui pourrait l’aider lui-même, mais éventuellement aussi toute la famille afin de se sentir mieux dans son esprit et dans son corps.
Dans le cas où l’enfant de par sa nature curieuse pose des questions, il ne faut pas hésiter à lui expliquer que certaines personnes que se soit des enfants ou des adultes sans être physiquement malades peuvent présenter des difficultés de ses relations avec les autres, ou présenter des comportements inadaptés qui peuvent les faire souffrir ou faire souffrir l’entourage. Le psychologue par des techniques d’entretien verbaux, des tests psychologiques, des jeux ou d’autres activités recueille des informations pour mieux comprendre la nature des troubles et déterminer les points de forces et les points de fragilité ainsi instituer un traitement psychothérapique adéquat.
Il faut insister sur le fait que le psychologue est tenu par le secret professionnel et que d’aucune façon les informations recueillie ne seront divulguées à qui que se soit sans l’assentiment de l’enfant en premier et de ses parents ensuite. Prenons l’exemple d’un motif de consultation très fréquent en l’occurrence les troubles scolaires.
Il n’existe pas en Algérie des études statistiques, mais en France par exemple, 25 % des élèves de C.P. (cours préparatoire) ont des difficultés (surtout dans l’apprentissage de la lecture) ; 40 % des entrants en CM2 (cours moyen 2e année) ont, une, deux, voire trois années de retard scolaire, 40% de ceux qui rentrent une 6e classique présentent une année de retard. De plus, 41 % des patients jeunes qui ont consulté au moins une fois dans l’année ont entre 5 et 9 ans, 29 % entre 10 et 14 ans le volume global des consultations dans les secteurs de pédopsychiatrie a augmenté de plus de 49 % entre 1991 et 1997.
Il existe des nuances voire de grandes différences cliniques et psychopathologiques entre le retard scolaire, l’échec, le refus, le désintérêt, le fléchissement, l’inhibition, la rupture scolaire et l’évitement et la phobie scolaire. Ces symptômes souvent confondus par les enseignants et à fortiori par les parents et l’entourage, d’où la pertinence d’aller consulter des spécialistes qui pourront poser un diagnostic fonctionnel et précis pouvant garantir la mise en place d’un traitement idoine.